RAYON LIVRES

Mariusz Wilk: Le Journal d’un loup. Editions Noir sur Blanc, 2015. Nouvelle édition (1e édition : 1999)

En 1991, Mariusz Wilk s’est retiré sur les îles Solovki, archipel isolé de la mer Blanche, véritable microcosme des dépouilles de l’Empire soviétique. De là, il observe et tente d’expliquer le quotidien de la vaste Russie, ses contradictions, sa misère et ses grandeurs. À Solovki, se reflète l’histoire tumultueuse et complexe de la Russie. L’île abrite en effet depuis des siècles un monastère important de l’Église orthodoxe, mais aussi les restes du SLON, premier camp de travail forcé d’Union soviétique, véritable laboratoire du goulag établi au lendemain de la révolution de 1917. Pendant les six ans de son séjour, Wilk a connu chacun des mille habitants de Solovki, évoqué leurs destins broyés, pittoresques ou cocasses, affronté avec eux un environnement hostile, mais aussi partagé leur fascination pour l’étrange beauté des paysages du Grand Nord. Wilk nous offre là un document d’une rare valeur, une véritable mine de renseignements. S’il s’inscrit dans la lignée des écrivains-reporters célèbres en Pologne tels que Kapuscinski ou Krall, son regard original à la fois décalé, fasciné et complice fera date dans le genre particulier du reportage littéraire.

Mariusz Wilk, né en 1955 à Wrocław, a été actif dans l’opposition entre 1977 et 1981 et emprisonné pour son engagement dans Solidarité. Journaliste, il publie en 1984, en samizdat, un livre-phare Konspira, Solidarité clandestine. Au début des années quatre-vingt-dix, Wilk part pour Moscou comme correspondant du Quotidien de Gdańsk. Il traverse les pays Baltes et l’Ukraine, le Kazakhstan et la Sibérie. Après un an de pérégrinations, il se fixe sur les iles Solovki. C’est de là-bas qu’il commence à envoyer des chroniques régulières à la revue polonaise de Paris, Kultura, qui composeront Le Journal d’un loup. Il est l’auteur d’un Journal du Nord dont les différents volumes ont paru aux Éditions Noir sur Blanc : La Maison au bord de l’Oniégo (2006), Dans les pas du renne (2009), Portage (2010) et Dans le sillage des oies sauvages (2013).

A propos de l’auteur

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’État de Moscou. Après 13 ans passés au sein de l’Unesco, à Paris puis à Genève, et avoir exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, premier quotidien russophone en ligne, lancé en 2007.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », figurant donc parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels : le Forum des 100.

Après 18 ans en charge de NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky a décidé de revenir à ses sources et de se concentrer sur ce qui la passionne vraiment : la culture dans toute sa diversité. Cette décision a pris la forme de ce blog culturel trilingue (russe, anglais, français) né au cœur de l’Europe – en Suisse, donc, son pays d’adoption, le pays qui se distingue par son multiculturalisme et son multilinguisme.

Nadia Sikorsky ne se présente pas comme une "voix russe", mais comme une voix d’Européenne d'origine russe (plus de 35 ans en Europe, passés 25 ans en Suisse) au bénéfice de plus de 30 ans d’expérience professionnelle dans le monde culturel – ceci au niveau international. Elle se positionne comme médiatrice culturelle entre les traditions russes et européennes ; le titre de sa chronique, "L'accent russe", capture cette essence – l’accent n’étant pas une barrière linguistique, ni un positionnement politique mais une empreinte culturelle distinctive dans le contexte européen.

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