RAYON LIVRES

Sophie Cœuré: Pierre Pascal, la Russie entre christianisme et communisme, Les Editions Noir sur Blanc, 2014

Une vie incroable, un destim impropable d'un jeune lieutenant français devenu collaborateur de l’Internationale communiste puis professeur à la Sorbonne.

Mai 1916. Pierre Pascal, un lieutenant français de 25 ans, accoste à Arkhangelsk. Il retrouve la Russie éternelle de ses livres d’enfant, coupoles dorées, villages de bois, forêts immenses et enneigées.

Octobre 1918. Témoin puis acteur du maelström révolutionnaire, Pierre Pascal prend la décision inouïe de s’engager corps et âme « en communisme », aux côtés du nouveau pouvoir bolchevique, au plus près du peuple russe, sans renoncer à sa foi chrétienne.

Mars 1933. L’ancien collaborateur de l’Internationale communiste et du commissariat du peuple aux Affaires étrangères, traducteur de Lénine, retrouve la France après une expérience unique au cœur du pouvoir soviétique. Il reprend le cours de sa vie de traducteur et professeur à la Sorbonne.

Pierre Pascal disparaît en juillet 1983. Individualiste, moraliste rebelle à toute discipline politique, c’est aussi pour protéger ses proches restés en URSS qu’il renonce à témoigner sur son expérience. Il rend ainsi presque invisibles ses cinquante années de combats antitotalitaires. À Moscou, Pascal est l’âme d’un réseau dissident avant la lettre, avec son beau-frère Victor Serge, ses amis Boris Souvarine, Angelo Tasca, Nicolas Lazarevitch. À Paris, il dissèque les « retours d’URSS » naïfs, propose une lecture vivante de la civilisation russe, veille à la publication de Pasternak et de Soljenitsyne. Toute sa vie demeure habitée par une réflexion singulière sur la relation entre communisme et christianisme, entre orthodoxie et catholicisme.

À l’approche du centenaire d’Octobre 1917, il faut suivre cet itinéraire étonnant pour comprendre la foi communiste, si lointaine dans ses excès et ses aveuglements, si proche dans sa quête d’une politique de justice humaine, si souvent liée à l’amour de la Russie, de son peuple et de sa littérature. À partir d’archives inédites – écrits intimes, correspondances, documents diplomatiques, politiques, policiers, militaires – collectées à Paris, à Moscou ou aux États-Unis, cette première biographie de Pierre Pascal s’attache à restituer dans toute sa complexité l’itinéraire d’un témoin exceptionnel du tumultueux vingtième siècle.

Sophie Cœuré est professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris Diderot – Paris 7. Ses recherches portent sur la construction d’une mythologie de l’Union soviétique en Occident, les voyages en URSS et l’engagement des intellectuels communistes en France. Elle a également contribué au renouveau de l’histoire politique des archives, en particulier par ses travaux sur les archives spoliées par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a participé à l’édition du Journal de Russie 1928-1929 de Pierre Pascal (Noir sur Blanc, 2014).

A propos de l’auteur

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’État de Moscou. Après 13 ans passés au sein de l’Unesco, à Paris puis à Genève, et avoir exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, premier quotidien russophone en ligne, lancé en 2007.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », figurant donc parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels : le Forum des 100.

Après 18 ans en charge de NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky a décidé de revenir à ses sources et de se concentrer sur ce qui la passionne vraiment : la culture dans toute sa diversité. Cette décision a pris la forme de ce blog culturel trilingue (russe, anglais, français) né au cœur de l’Europe – en Suisse, donc, son pays d’adoption, le pays qui se distingue par son multiculturalisme et son multilinguisme.

Nadia Sikorsky ne se présente pas comme une "voix russe", mais comme une voix d’Européenne d'origine russe (plus de 35 ans en Europe, passés 25 ans en Suisse) au bénéfice de plus de 30 ans d’expérience professionnelle dans le monde culturel – ceci au niveau international. Elle se positionne comme médiatrice culturelle entre les traditions russes et européennes ; le titre de sa chronique, "L'accent russe", capture cette essence – l’accent n’étant pas une barrière linguistique, ni un positionnement politique mais une empreinte culturelle distinctive dans le contexte européen.

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