RAYON LIVRES

Georges Nivat : Les sites de la mémoire russe, tome 2. Histoire et mythe de la mémoire russe. Fayard, 880 pages, novembre 2019.

Ce second volume consacré aux Sites de la mémoire russe poursuit et complète un relevé de la civilisation russe qui s’inspire des "Lieux de mémoire" de Pierre Nora.

Ni encyclopédie ni récit continu, cet ouvrage complète le tome 1 des Sites de la mémoire russe. Le premier traitait de la géographie de la mémoire (musées, gentilhommières, séminaires, universités, parcs et jardins), celui-ci traite de son histoire et de ses mythes : et tous d’abord de la création, au début du XIXe siècle, du « récit historique russe » par le premier historiographe, Nikolaï Karamzine.

Les « antiquité » russes sont présentés avec l’extraordinaire série des chroniques, et avec les écorces de bouleaux de Novgorod, trouvaille unique en Europe et fenêtre sur une république – avec son viétchié – qui est le pôle vaincu de l’histoire russe. Les chapitres sur le calendrier russe, sur l’histoire de la terreur institutionnalisée étonneront.

L’ouvrage rend compte des récits historiques qui donnent la peinture russe, la musique russe. Il analyse les grands mythes : Pierre le Grand, qui invente la Russie moderne en jumelant Lumières et tyrannie, les décembristes qui font de la révolte russe, brutale (Stenka Razine ou Pougatchov), un soulèvement idéologique, Lénine, dont le mausolée est toujours dur la place Rouge. Et en diptyque toujours inachevé, l’image du Réformateur (de Stolypine à Khrouchtchev) face aux images de la gloire russe (militaire en particulier.) Il aborde en conclusion le problème des soubresauts de la mémoire russe, de son double language, de ses accès d’amnésie ou d’hypermnésie.

Une quarantaine de contributeurs, ayant pour la plupart des carrières d’historiens universitaires, ont participé à cet ouvrage. De nombreux articles ont été initialement rédigés en russe, d’autres l’ont été en français, en anglais ou en italien.

Né en 1935 à Clermont-Ferrand, professeur honoraire à l’université de Genève, Georges Nivat est slaviste, historien des idées et traducteur. Il est l‘auteur de nombreux ouvrages, donc, chez Fayard le Phénomène Soljenitsyne. Chez Fayard, il a co-dirigé la monumentale Histoire de la littérature russe en 6 volumes, et est le maître d’œuvre des Sites de la mémoire russe.

A propos de l’auteur

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’État de Moscou. Après 13 ans passés au sein de l’Unesco, à Paris puis à Genève, et avoir exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, premier quotidien russophone en ligne, lancé en 2007.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », figurant donc parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels : le Forum des 100.

Après 18 ans en charge de NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky a décidé de revenir à ses sources et de se concentrer sur ce qui la passionne vraiment : la culture dans toute sa diversité. Cette décision a pris la forme de ce blog culturel trilingue (russe, anglais, français) né au cœur de l’Europe – en Suisse, donc, son pays d’adoption, le pays qui se distingue par son multiculturalisme et son multilinguisme.

Nadia Sikorsky ne se présente pas comme une "voix russe", mais comme une voix d’Européenne d'origine russe (plus de 35 ans en Europe, passés 25 ans en Suisse) au bénéfice de plus de 30 ans d’expérience professionnelle dans le monde culturel – ceci au niveau international. Elle se positionne comme médiatrice culturelle entre les traditions russes et européennes ; le titre de sa chronique, "L'accent russe", capture cette essence – l’accent n’étant pas une barrière linguistique, ni un positionnement politique mais une empreinte culturelle distinctive dans le contexte européen.

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