RAYON LIVRES

Frédéric Pajak : Manifeste incertain, tome 7. Emily Dickinson, Marina Tsvetaieva – L’immense poésie. Les Editions Noir sur Blanc, 2018

Un dessinateur, écrivain et éditeur français et suisse lance un regard attendri et inquisitoire sur les deux grandes poétesses.

Nous partons virtuellement pour le Massachusetts et voyageons réellement en Russie – à Saint-Pétersbourg, à Moscou, à Kazan, à Samara, à Koktebel, à Yalta. Ce septième volume est cosacré à deux poétesses majeures : une Américaine du XIXe siècle et une Russe de la première partie du XXe siècle. Emily Dickinson et Marina Tsvetaieva n’ont apparemment pas grand-chose en commun. La première reste reclus chez elle, à Amherst, dans la vallée du Connecticut, tandis que la seconde, née à Moscou, étudie à Nervi, Lausanne et Paris ; contemporaine de la révolution d’Octobre, elle séjourne à plusieurs reprises en Crimée, avant de s’exiler en 1922 à Berlin, puis en Tchécoslovaquie et en banlieue parisienne. En 1939, elle retourne en Union soviétique où elle se suicide deux ans plus tard.

À travers les vies héroïques de ces deux femmes, le livre évoque deux aventures littéraires qui ont survécu à l’indifférence, à l’hostilité, voire à la censure. Femmes, elles ont refusé de se plier aux convenances et aux procédés du genre poétique, faisant preuve d’une inspiration existentielle à la fois féminine et universelle. Formellement, rythmiquement, métaphoriquement, elles ont bousculé l’ordre littéraire pour imposer un art poétique nouveau. Ni Dickinson ni Tsvetaieva n’ont douté de leur postérité, convaincues que leur œuvre, surgie du plus profond de leur être, entrerait un jour dans la grande histoire de la poésie moderne.

Frédéric Pajak est né en 1955 dans les Hauts-de-Seine. Il a publié une quinzaine d’ouvrages, souvent écrits et dessinés : Le Chagrin d’amour ; Humour — une biographie de James Joyce ; Nietzsche et son père, Nervosité générale, Mélancolie, aux PUF ; La Guerre sexuelle, J’entends des voix et Autoportrait, chez Gallimard. Il est l’éditeur des Cahiers dessinés.

Après L’Étrange Beauté du monde et En souvenir du monde, réalisés avec Lea Lund, après la nouvelle édition de L’Immense Solitude et les six premiers volumes du Manifeste incertain (Avec Walter Benjamin, rêveur abîmé dans le paysage ; Avec Nadja, André Breton, Walter Benjamin sous le ciel de Paris ; La Mort de Benjamin. Ezra Pound mis en cage ; La liberté obligatoire. Gobineau l’irrécupérable ; Vincent van Gogh. Une biographie ; Blessures), les Éditions Noir sur Blanc poursuivent la publication des œuvres de Frédéric Pajak. Il a reçu, pour le Manifeste incertain 3, le Prix Médicis Essai 2014 et le Prix suisse de la littérature 2015.

A propos de l’auteur

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’État de Moscou. Après 13 ans passés au sein de l’Unesco, à Paris puis à Genève, et avoir exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, premier quotidien russophone en ligne, lancé en 2007.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », figurant donc parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels : le Forum des 100.

Après 18 ans en charge de NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky a décidé de revenir à ses sources et de se concentrer sur ce qui la passionne vraiment : la culture dans toute sa diversité. Cette décision a pris la forme de ce blog culturel trilingue (russe, anglais, français) né au cœur de l’Europe – en Suisse, donc, son pays d’adoption, le pays qui se distingue par son multiculturalisme et son multilinguisme.

Nadia Sikorsky ne se présente pas comme une "voix russe", mais comme une voix d’Européenne d'origine russe (plus de 35 ans en Europe, passés 25 ans en Suisse) au bénéfice de plus de 30 ans d’expérience professionnelle dans le monde culturel – ceci au niveau international. Elle se positionne comme médiatrice culturelle entre les traditions russes et européennes ; le titre de sa chronique, "L'accent russe", capture cette essence – l’accent n’étant pas une barrière linguistique, ni un positionnement politique mais une empreinte culturelle distinctive dans le contexte européen.

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