RAYON LIVRES

Jean Christophe Emmenegger: "Operation Svetlana". Les six semaines de la fille de Staline en Suisse. Editions Slatkine, 2018

Davantage qu'une biographie, il s'agit d'une étude historique, rigoureusement référencée, mais qui se lit comme un roman policier.

Quel étrange destin amena la fille de Staline à séjourner en Suisse ? Durant six semaines du printemps 1967, Svetlana Allilouïeva trouva refuge dans ce pays, sous le faux nom de Miss Carlen. Fuyant l’URSS depuis l’Inde, elle s’adressa d’abord à l’ambassade des États-Unis, qui l’envoya clandestinement à Rome. Mais aucun pays ne souhaitait lui accorder l’asile politique.

Sous la pression américaine, c’est en Suisse qu’elle dut patienter pendant près de deux mois, avant que les États-Unis ne daignassent l’accueillir, en tant que simple immigrée. Pendant ce temps, la Suisse mit en oeuvre une « opération Svetlana » pour garder secrets les lieux de séjour de cette fausse touriste. Aucun contact avec la presse, aucune déclaration politique ne lui furent autorisés.

Ainsi, la dissidente la plus fameuse de l’histoire de la Guerre froide se trouva réduite au silence, à cause des enjeux de politique internationale et des raisons d’État. Les plus hautes autorités helvétiques furent mises au défi de gérer cette affaire qui ressemble à un roman policier, avec des épisodes faisant intervenir les services secrets. C’est en Suisse que le destin de la fille de Staline se joua. George Kennan vint l’y trouver pour régler les formalités de son départ. Emmanuel d’Astier de la Vigerie, pour tenter de la dissuader de se rendre aux États-Unis. Ce livre raconte pour la première fois cette histoire méconnue, à partir d’archives, de témoignages et de correspondances inédits.

A propos de l’auteur

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’État de Moscou. Après 13 ans passés au sein de l’Unesco, à Paris puis à Genève, et avoir exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, premier quotidien russophone en ligne, lancé en 2007.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », figurant donc parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels : le Forum des 100.

Après 18 ans en charge de NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky a décidé de revenir à ses sources et de se concentrer sur ce qui la passionne vraiment : la culture dans toute sa diversité. Cette décision a pris la forme de ce blog culturel trilingue (russe, anglais, français) né au cœur de l’Europe – en Suisse, donc, son pays d’adoption, le pays qui se distingue par son multiculturalisme et son multilinguisme.

Nadia Sikorsky ne se présente pas comme une "voix russe", mais comme une voix d’Européenne d'origine russe (plus de 35 ans en Europe, passés 25 ans en Suisse) au bénéfice de plus de 30 ans d’expérience professionnelle dans le monde culturel – ceci au niveau international. Elle se positionne comme médiatrice culturelle entre les traditions russes et européennes ; le titre de sa chronique, "L'accent russe", capture cette essence – l’accent n’étant pas une barrière linguistique, ni un positionnement politique mais une empreinte culturelle distinctive dans le contexte européen.

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