L’accent russe | Le blog de Nadia Sikorsky

Un hymne aux médecins
Une fois de plus, c'est la fête pour les amoureux de la littérature russe : les librairies de Suisse et de France reçoivent aujourd'hui même une nouvelle traduction française des Notes d'un médecin de Vikenti Veressaïev – la première depuis 1910 ! Elle est due aux éditions lausannoises Noir sur Blanc et à la traductrice Julie Bouvard.
Wilhelm/Guillaume Tell – un héros pour tous les temps ?
L'Opéra de Lausanne met en scène, pour la toute première fois, le chef-d'œuvre de Gioachino Rossini – un drame lyrique n’ayant, hélas, rien perdu de son actualité. Qui plus est : les interprètes qu’il y accueille débutent pour la plupart dans leur rôle et sur cette scène. Une réussite, à mon avis.
« Dar »
Traduit en français par « Don », « Dar » est un tout nouveau prix littéraire en vue duquel un concours s’ouvre demain. L'idée de sa création revient à l'écrivain russe Mikhaïl Chichkine. Je suis fière que mon journal NashaGazeta soit invité à rejoindre le groupe de ses fondateurs.
Le paradis d'Aronzon
Il se trouve que j’ai eu le plaisir d’assister à cette soutenance de thèse ès lettre en Études russes. Son titre complet : "La ‘représentation du paradis’ chez Léonid Aronzon : une poétique de la contemplation". Je tiens à vous en parler.
Craquement du destin
Le Grand Jeu, roman d'Elena Tchijova traduit du russe par les Éditions Noir sur Blanc à Lausanne, arrive ce jour dans les librairies de Suisse et de France.
Vie humaine comme monnaie d’échange
Chers lecteurs, il y a quelques jours, je vous ai donné rendez-vous en septembre ; mais l’actualité est telle que je me sens contrainte de rompre ce vœu de silence mensuel.
Louis Villeneuve, maître enchanteur
Le grand professionnel qui a reçu, en 2017, à New York, le prix Mauviel 1830 du meilleur directeur de salle au monde s'est confié sur sa vie et sa carrière.
Boris Pasternak dans le cosmos

Noël est passé, Pâques se fait attendre, mais les miracles se produisent même dans les périodes les moins propices. J’en veux pour preuve cette possibilité de poser une question depuis mon bureau genevois, à une personne dans l’espace et de recevoir une réponse instantanée. Mon métier de journaliste m’avait amenée dans les endroits les plus improbables : j’ai passé une journée au sein de l’armée suisse, une autre dans une abbaye ou encore dans une prison pour mineurs, j’ai survolé le canton de Vaud à bord d’un ULM. Mais une communication spatiale, ça c’était une première !

« Mort aux juifs …»

On attribue le copyright de l’abject slogan, qui, en russe, se lit au complet comme « Mort aux juifs, pour sauver la Russie », aux membres des Cent-Noirs (ou Centurie noire), un mouvement nationaliste et monarchiste d'extrême-droite apparu dans l'Empire russe pendant la révolution de 1905, ou à Nestor Makhno, fondateur de l'Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne qui, après la révolution d'Octobre et jusqu'en 1921, combattait à la fois les Armées blanches tsaristes et l'Armée rouge bolchévique.

Les limites de la neutralité

Dès la création, en 2007, de Nasha Gazeta, je me suis imposée une règle : de ne pas couvrir l’actualité russe ou toute autre du vaste espace postsoviétique, sauf en cas de lien avec la Suisse. J’étais loin d’imaginer, à l’époque, que ces liens, historiques, politiques et culturels, seraient si variés et si nombreux à faire vibrer mes lecteurs. Fidèle à cette règle, je me suis abstenue d’écrire un seul mot dans mon journal à propos de l’opposant russe Alexeï Navalny – jusqu’au 23 janvier. C’est à cette date justement que des manifestations à son soutien se déroulèrent en Suisse.

« Le Roman de Londres », bien russe

Arrivée à certain âge, il est rare de faire des découvertes positives mais alors combien sont-elles plus agréables ! Parmi les dernières du genre, citons le roman de l’écrivain serbe Miloš Tsernianski, réédité par Les Éditions Noir sur Blanc, à Lausanne, presque trente ans après la première parution en français, due au feu Vladimir Dimitrijevic, dans la traduction de Vladimir Popović ?

 « Que la noble fureur se déchaîne » ? 

Ce sont-là les paroles du chant Sviachtchennaïa Voïna, ou « Guerre sacrée », l'un des plus célèbres chants de la Grande Guerre patriotique (1941-1945) en Union soviétique. Écrites par le poète Vassili Lebedev-Koumatch, ces paroles ont été publiées le 24 juin 1941 par les journaux Krasnaïa Zvezda et Izvestia, soit à peine deux jours après l'attaque allemande.

Le cadeau du Tsar, recyclé à Genève

Les périodes historiques se succèdent, mais une chose reste inchangée – l’amour des Russes aisés pour les objets beaux, exclusifs et chers de la haute joaillerie et de la haute horlogerie. C’est la raison pour laquelle les belles pièces prévues à leur intention affluent dans les ventes aux enchères. Ces objets ont été créés à différentes époques et cherchent aujourd’hui de nouveaux propriétaires. Quelques-uns des lots qui seront présentés aux traditionnelles enchères « russes » de décembre, chez Piguet – Hôtel des Ventes Genève, l’illustrent parfaitement.

A la mémoire de Pedro Kranz (1938-2020)

« Il y a des gens irremplaçables. Mais surtout il n’est plus là celui vers qui je pouvais toujours me tourner pour trouver conseil et soutien », - telle a été la réaction spontanée de Galina Logutenko, directrice adjointe de la Philharmonie de Saint-Pétersbourg, à qui j’ai annoncé la triste nouvelle. « Je l’aimais beaucoup et je suis très triste », a réagi le pianiste Evgeny Kissin, qui collaborait depuis vingt ans avec Pedro Kranz. « Mes condoléances à nous tous », m’écrit un autre pianiste russe, Nikolaï Lugansky. La même chose du côté de la Suisse.

Kaliningrad, le miroir éclaté de l’Europe

Selon le récent sondage réalisé par Sotomo pour le compte de la SSR, la deuxième vague de Covid-19 a déclenché dans la population un coup de blues bien plus important que la première. Les mesures restreignant la liberté de mouvement personnelle restent, globalement, notre principale préoccupation. La plupart d’entre nous avons manqué les vacances d’été, puis celles d’octobre et quant à la période de Noël et Nouvel-An rien n’est plus qu’incertain. Nous rêvons de voyages !

Y a-t-il encore de la place pour les idéalistes ?

 J’ai récemment donné mon premier séminaire, en anglais, aux étudiants de la Geneva School of Diplomacy, une institution privée située dans le quartier de l’ONU et autres organisations internationales, préparant justement les cadres à leur intention.

Un prof décapité, un monde décapité

Je ne peux pas rester silencieuse face à la nouvelle que j’ai appris en me levant ce samedi maussade, ce samedi du 21 siècle. Le siècle d’une avancée technologique sans précèdent mais clairement pas celui de(s) Lumière(s). Car il est bien sombre, notre siècle, et pas qu’à cause du Covid-19. 

Le temps de Czapski

Me voilà plongée depuis plusieurs semaines dans le monde de Józef Czapski, un homme au destin exceptionnel : humaniste, peintre, écrivain, véritable témoin de son époque. Un Homme avec un H très présent actuellement. La Fondation Jan Michalski à Montricher expose  (jusqu’au 17 janvier 2021) ses journaux intimes et ses peintures alors que les Éditions Noir sur Blanc annoncent la publication de deux livres le concernant. On serait presque tenté d’imaginer qu’esquisses et tableaux en seraient les illustrations.

Ni drame, ni farce

 Il faut vraiment être fan d’opéra pour aller se balader à Zurich par un beau dimanche et assister, masqué, à un « Boris Godounov » pendant quatre heures. Mais, moi, justement, j’aime l’opéra, et celui-ci je le connais par cœur, l’ayant vu plein de fois, dont la première fois au Théâtre Bolshoï à Moscou. Je devais avoir 7-8 ans et je m’en souviens comme si c’était hier. Il est évident que le spectacle zurichois ne restera pas gravé dans ma mémoire. Le débat sur la transposition ou non des opéras est un débat éternel chez les mélomanes. Quant à moi, je suis partagée..

C’est où, le Tadjikistan ?  

Les Éditions Noir sur Blanc ont publié récemment Zahhâk, le roi serpent de Vladimir Medvedev, traduit du russe par Emma Lavigne. Un roman qui peut sembler aussi exotique au lecteur russophone qu’au lecteur francophone. L’action de Zahhâk (paru en 2017 en Russie) se passe dans les années 1990, alors que la guerre civile fait rage au Tadjikistan. Bien que les événements décrits soient parfois terribles, il est impossible de lâcher ce livre captivant.

Le règne de la méfiance

L’histoire d’Alexeï Navalny, empoisonné dans l’avion Tomsk-Moscou le 20 août dernier et toujours dans le coma à ce jour, mais à présent en Allemagne, me fait penser à une autre histoire, encore plus tragique car son issue fatale est connue de tous.

« Prise de position »

De nos jours, la question de savoir s’il vaut mieux conserver l’histoire dans son intégralité ou en jeter une partie aux oubliettes est abondamment débattue. Ici et là, on déboulonne des statues, et même dans le pays équilibré et paisible qu’est la Suisse de telles idées se sont fait jour. Si, heureusement, elles ne se sont pas concrétisées, il y a tout de même lieu de s’inquiéter : comme on le sait, il n’est rien de bon à attendre d’une réécriture de l’histoire.

Quelques mots au sujet de Beyrouth

L’explosion dans le port de Beyrouth, dont les conséquences sont catastrophiques, a fait émerger des questions qui ne concernent pas uniquement le Liban. Le 4 août dernier, alors que je rejoignais des amis libanais pour dîner à Genève, j’ai entendu à la radio la terrible nouvelle de l’explosion dans le port de Beyrouth. On parlait ce soir-là d’une dizaine de morts et de plusieurs centaines de blessés. Très vite, j’ai reçu sur WhatsApp des images effrayantes d’appartements jonchés de bris de verre.

Vladimir Dimitrijević, neuf ans après

Le fondateur de l’Âge d’Homme, la plus grande maison d’édition de Suisse romande, nous a quittés il y a un peu plus que neuf ans – le 28 juin 2011. Bêtement, si l’on peut dire, puisqu’il a trouvé la mort dans un accident de la route, au volant de sa camionnette blanche remplie de livres qu’il transportait de Suisse en France. Je l’avais rencontré une année plus tôt et, comme beaucoup, je suis tombée sous son charme. Le charme d’un homme passionné.

A propos de l’auteur

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’État de Moscou. Après 13 ans passés au sein de l’Unesco, à Paris puis à Genève, et avoir exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, premier quotidien russophone en ligne, lancé en 2007.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », figurant donc parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels : le Forum des 100.

Après 18 ans en charge de NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky a décidé de revenir à ses sources et de se concentrer sur ce qui la passionne vraiment : la culture dans toute sa diversité. Cette décision a pris la forme de ce blog culturel trilingue (russe, anglais, français) né au cœur de l’Europe – en Suisse, donc, son pays d’adoption, le pays qui se distingue par son multiculturalisme et son multilinguisme.

Nadia Sikorsky ne se présente pas comme une "voix russe", mais comme une voix d’Européenne d'origine russe (plus de 35 ans en Europe, passés 25 ans en Suisse) au bénéfice de plus de 30 ans d’expérience professionnelle dans le monde culturel – ceci au niveau international. Elle se positionne comme médiatrice culturelle entre les traditions russes et européennes ; le titre de sa chronique, "L'accent russe", capture cette essence – l’accent n’étant pas une barrière linguistique, ni un positionnement politique mais une empreinte culturelle distinctive dans le contexte européen.

L'AFFICHE