RAYON LIVRES

Mikhaïl Chichkine : Le Bateau de marbre blanc. Les Editions Noir sur blanc, 2 octobre 2025. 336 pages • 25 Euros • 30 CHF

Traduit du russe par Maud Mabillard et de l’allemand par Odile Demange

À quoi sert la littérature, si elle n’a pas pu empêcher le Goulag, ni l’invasion de l’Ukraine par la Russie ? Voici la question fondamentale que pose Mikhaïl Chichkine dans ce recueil de textes consacrés à de grands écrivains (Dostoïevski, Gogol, Tchekhov…) et musiciens russes (Prokoviev, Rachmaninov, Chostakovitch).

À travers un kaléidoscope de personnages, d’événements et de symboles, Chichkine nous raconte « l’âme russe » qui, comme il le rappelle, est un concept inventé par un voyageur allemand. Plusieurs essais évoquent la confrontation entre l’artiste et le pouvoir, ou encore la question, cruciale pour l’auteur, de l’émigration : peut-on emporter son pays avec soi, et peut-on créer hors de la Russie, quand on est russe ?

Dans Le Bateau de marbre blanc, Chichkine montre que l’écrivain, le peintre, le musicien, pressent ce qui va arriver dans le futur. Le carré noir de Malevitch constitue sa vision du xxe siècle qui s’ouvre : la Première Guerre mondiale, la guerre civile, le Goulag. Aujourd’hui, le pouvoir despotique en Russie tente de briser la culture de son propre pays ; mais la littérature russe continue à vivre, par les textes, et à faire entendre des voix dissidentes.

 Né à Moscou en 1961, Mikhaïl Chichkine vit en Suisse depuis 1995. Il est le seul écrivain à avoir reçu les trois grands prix littéraires de son pays, pour ses romans La Prise d’Izmail, Le Cheveu de Vénus (Fayard, 2003 et 2007) et Deux heures moins dix (Noir sur Blanc, 2012). Considéré comme l’un des auteurs les plus importants de la littérature russe contemporaine, Chichkine s’oppose au régime de Poutine depuis l’annexion de la Crimée en 2014. Il publie aujourd’hui des tribunes dans les plus grands journaux internationaux : le New York Times, The Guardian, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Le Monde… En 2022, il a reçu le prix Strega Européen.

A propos de l’auteur

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’État de Moscou. Après 13 ans passés au sein de l’Unesco, à Paris puis à Genève, et avoir exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, premier quotidien russophone en ligne, lancé en 2007.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », figurant donc parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels : le Forum des 100.

Après 18 ans en charge de NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky a décidé de revenir à ses sources et de se concentrer sur ce qui la passionne vraiment : la culture dans toute sa diversité. Cette décision a pris la forme de ce blog culturel trilingue (russe, anglais, français) né au cœur de l’Europe – en Suisse, donc, son pays d’adoption, le pays qui se distingue par son multiculturalisme et son multilinguisme.

Nadia Sikorsky ne se présente pas comme une "voix russe", mais comme une voix d’Européenne d'origine russe (plus de 35 ans en Europe, passés 25 ans en Suisse) au bénéfice de plus de 30 ans d’expérience professionnelle dans le monde culturel – ceci au niveau international. Elle se positionne comme médiatrice culturelle entre les traditions russes et européennes ; le titre de sa chronique, "L'accent russe", capture cette essence – l’accent n’étant pas une barrière linguistique, ni un positionnement politique mais une empreinte culturelle distinctive dans le contexte européen.

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