RAYON LIVRES

Vladimir Odoïevski: Les nuits russes. Editions L'Age d'Homme

Traduit du russe par Marion Graf.

Les temps qu’avaient annoncés les philosophes du XIXéme  siècle arrivèrent, la race humaine s’était multipliée, entre les produits de la nature et les besoins de l’humanité. L’équilibre était rompu, lentement, inexorablement, la catastrophe approchait. Chassés par la misère, les habitants des villes fuyaient dans les campagnes, les champs se transformaient en villages, les villages en villes et les villes s’étendaient peu à peu; c’est en vain que les hommes avaient mis en œuvre toute la science acquise à la sueur des siècles, en vain qu’aux expédients de l’art, ils avaient allié une activité intense, accrue par la nécessité vitale. Depuis longtemps déjà, les déserts d’Arabie étaient devenus de gras pâturages, depuis longtemps, un humus fertile recouvrait les glaces du Nord, grâce aux efforts prodigieux de la chimie, une chaleur artificielle vivifiait le royaume du froid éternel mais tout cela en pure perte?

Pourquoi l’essor des sciences et des techniques n’a-t-il pas apporté le bonheur à l’humanité? A partir de cette question, les personnages des Nuits russes s’engagent dans un débat passionné, d’une acuité souvent prophétique, qui se prolonge durant neuf nuits. L’auteur se méfie du monologue philosophique, c’est pourquoi, à la manière d’un organiste, il utilise successivement divers registres, juxtapose avec finesse et ironie des genres littéraires contrastés. Une démarche soucieuse de sa globalité, suggestive autant qu’intellectuelle, rebelle à tout cloisonnement, où Piranèse côtoie bach, Beethoven, les alchimistes, Malthus et Adam Smith, où la réflexion relaie la fiction, où le dialogue et l’emphase ont leur place, sans pour autant que soit oublié le silencieux message de l’aurore.

Philosophe,musicologue, conteur, polémiste et homme d’esprit, le Prince Odoïevski (1803-1869) fut l’un des principaux acteurs du Romantisme russe, dont son roman philosophique Les Nuits russes est une œuvre majeure et unique dans son genre.

L'interview avec Marion Graf à lire ici.

A propos de l’auteur

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’État de Moscou. Après 13 ans passés au sein de l’Unesco, à Paris puis à Genève, et avoir exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, premier quotidien russophone en ligne, lancé en 2007.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », figurant donc parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels : le Forum des 100.

Après 18 ans en charge de NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky a décidé de revenir à ses sources et de se concentrer sur ce qui la passionne vraiment : la culture dans toute sa diversité. Cette décision a pris la forme de ce blog culturel trilingue (russe, anglais, français) né au cœur de l’Europe – en Suisse, donc, son pays d’adoption, le pays qui se distingue par son multiculturalisme et son multilinguisme.

Nadia Sikorsky ne se présente pas comme une "voix russe", mais comme une voix d’Européenne d'origine russe (plus de 35 ans en Europe, passés 25 ans en Suisse) au bénéfice de plus de 30 ans d’expérience professionnelle dans le monde culturel – ceci au niveau international. Elle se positionne comme médiatrice culturelle entre les traditions russes et européennes ; le titre de sa chronique, "L'accent russe", capture cette essence – l’accent n’étant pas une barrière linguistique, ni un positionnement politique mais une empreinte culturelle distinctive dans le contexte européen.

L'AFFICHE