RAYON LIVRES

Latex, Editions du Seuil, 245 pages

«Latex», Laurent Schweizer publie au Seuil le roman d’un monde ultrariche, ultrasexe, ultraviolent, un texte inspiré de l’affaire Stern.

Un richissime homme d'affaires est tué par une femme lors d'une séance sadomasochiste. Le «pitch» du dernier roman de Laurent Schweizer rappellera aux Genevois une certaine affaire Stern. A raison. Ce meurtre a bien enclenché chez l'écrivain - dont le bureau était à quelques mètres des lieux du véritable assassinat à l'époque des faits - un processus d'écriture. Mais s'arrêter là serait une injustice.

L'esprit de Laurent Schweizer, comme les sucs, transforme ce qu'on lui soumet. Philipp Kidman, dans  Latex, n'est pas Édouard Stern. De l'affaire, l'auteur n'a retenu que les traits définitoires, qu'il a tirés vers les extrêmes: l'ultra richesse, l'ultrasexe, l'ultraviolence. La réalité, chez lui, est malmenée. Il étire sa trame et ses personnages pour éprouver leur résistance. On frôle parfois la saturation des effets, mais la logique hyperbolique de l'écriture donne au texte une vraie valeur littéraire.

 Latex  s'ouvre à Londres. Deux crapauds géants, couverts «d'aspérités vermeilles», appellent les caresses d'une foule de jet-setters lors d'une vente d'art contemporain. Il se termine dans la trompeuse quiétude des Alpes bernoises. Entre-deux, le roman se dépeuple à mesure que l'auteur maltraite ses personnages. Ray lui-même, garde du corps devenu fou et qui aime à tuer dans les supplices, périra par les balles des armes qu'il trafique.

Reste le narrateur, un avocat contraint de quitter le barreau zurichois, et Seymour, call-girl propriété de la mafia russe et à laquelle il offre ce qui lui reste de tendresse.

Précis et halluciné, ce roman est le troisième d'un écrivain genevois aux visions fulgurantes.

David Haeberli

A propos de l’auteur

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’État de Moscou. Après 13 ans passés au sein de l’Unesco, à Paris puis à Genève, et avoir exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, premier quotidien russophone en ligne, lancé en 2007.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », figurant donc parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels : le Forum des 100.

Après 18 ans en charge de NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky a décidé de revenir à ses sources et de se concentrer sur ce qui la passionne vraiment : la culture dans toute sa diversité. Cette décision a pris la forme de ce blog culturel trilingue (russe, anglais, français) né au cœur de l’Europe – en Suisse, donc, son pays d’adoption, le pays qui se distingue par son multiculturalisme et son multilinguisme.

Nadia Sikorsky ne se présente pas comme une "voix russe", mais comme une voix d’Européenne d'origine russe (plus de 35 ans en Europe, passés 25 ans en Suisse) au bénéfice de plus de 30 ans d’expérience professionnelle dans le monde culturel – ceci au niveau international. Elle se positionne comme médiatrice culturelle entre les traditions russes et européennes ; le titre de sa chronique, "L'accent russe", capture cette essence – l’accent n’étant pas une barrière linguistique, ni un positionnement politique mais une empreinte culturelle distinctive dans le contexte européen.

L'AFFICHE