RAYON LIVRES

Elena Tchijova: Le Grand Jeu. Editions Noir sur Blanc, 5 septembre 2024. 320 pages • 23,50 Euros • 29 CHF  

Traduit du russe par Marianne Gourg-Antuszewicz.

Le Grand Jeu commence le 18 mars 2014, le jour de l’annexion de la Crimée par la Russie. Anna habite à Saint-Pétersbourg avec son fils de 25 ans et sa vieille mère tyrannique. Autrefois institutrice, Anna travaille comme femme de ménage pour faire vivre sa famille, peinant à joindre les deux bouts. Pourtant, le grand appartement familial est étrangement peuplé d’objets de prix, telle cette lampe surmontée d’un ange qui attire tous les regards…

Dans une atmosphère de secret et de non-dits, Anna prend peu à peu conscience que sa jeunesse est terminée. Écrasée par le poids du passé soviétique, qu’elle peine à comprendre vraiment, Anna voit son fils se passionner pour l’informatique et s’éloigner peu à peu du monde réel. Le jeune Pavel est persuadé que le jeu vidéo qu’il est en train d’élaborer va devenir le plus populaire de la planète. Après l’invasion de l’est de l’Ukraine, Pavel remarque que sa grand-mère plonge dans une sorte de délire, mélangeant ses souvenirs du blocus de Leningrad et de la guerre mondiale avec des monologues condamnant les exactions russes en Ukraine. Il les enregistre et les met en ligne, les associant à des chroniques tirées de la zone de conflit. Ses vidéos attirent rapidement l’attention, y compris celle des services secrets russes…

Née en 1957 à Leningrad, Elena Tchijova étudie l’économie et travaille dans le monde des affaires, avant de se tourner vers l’écriture à la fin des années 1990. Autrice de nombreux romans à succès, elle a dirigé pendant plusieurs années le PEN club de Saint-Pétersbourg, qui défend les droits des écrivain·es. En 2009, son roman Le Temps des femmes (paru en français chez Noir sur Blanc en 2014) reçoit le prestigieux Booker Prize russe ; il est adapté pour le théâtre en 2011. Bien qu’elle soit opposée au régime de Poutine, Elena Tchijova vit toujours à Saint-Pétersbourg.

A propos de l’auteur

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky a grandi à Moscou où elle a obtenu un master de journalisme et un doctorat en histoire à l’Université d’État de Moscou. Après 13 ans passés au sein de l’Unesco, à Paris puis à Genève, et avoir exercé les fonctions de directrice de la communication à la Croix-Verte internationale fondée par Mikhaïl Gorbatchev, elle développe NashaGazeta.ch, premier quotidien russophone en ligne, lancé en 2007.

En 2022, elle s’est trouvée parmi celles et ceux qui, selon la rédaction du Temps, ont « sensiblement contribué au succès de la Suisse romande », figurant donc parmi les faiseurs d’opinion et leaders économiques, politiques, scientifiques et culturels : le Forum des 100.

Après 18 ans en charge de NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky a décidé de revenir à ses sources et de se concentrer sur ce qui la passionne vraiment : la culture dans toute sa diversité. Cette décision a pris la forme de ce blog culturel trilingue (russe, anglais, français) né au cœur de l’Europe – en Suisse, donc, son pays d’adoption, le pays qui se distingue par son multiculturalisme et son multilinguisme.

Nadia Sikorsky ne se présente pas comme une "voix russe", mais comme une voix d’Européenne d'origine russe (plus de 35 ans en Europe, passés 25 ans en Suisse) au bénéfice de plus de 30 ans d’expérience professionnelle dans le monde culturel – ceci au niveau international. Elle se positionne comme médiatrice culturelle entre les traditions russes et européennes ; le titre de sa chronique, "L'accent russe", capture cette essence – l’accent n’étant pas une barrière linguistique, ni un positionnement politique mais une empreinte culturelle distinctive dans le contexte européen.

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