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Boris Chiriaev: La Veilleuse des Solovki. Editions des Syrtes, 2005.

La veilleuse des Solovki est l’œuvre d’une vie : celle de Boris Chiriaev, intellectuel moscovite qui fait mémoire de son expérience et écrit pendant vingt-cinq ans cette «chronique des temps de naufrage».
Chiriaev arrive aux Solovki en 1923 ; haut lieu de l’orthodoxie, les Solovki deviennent un haut lieu de souffrance, le premier camp destiné à regrouper les «ennemis» venant de la guerre civile. Dans cette généalogie du difficile on découvre les balbutiements de ce qui allait devenir le symbole de la répression soviétique : le goulag. Le livre de Chiriaev est un témoignage exemplaire : il donne le premier rôle à l’homme qui même dans les pires moments peut rester humain et à la vie qui exige d’être exaltée. Il souligne le paradoxe du camp des Solovki dans les premières années : à la terrible réalité du bagne s’allie une extraordinaire effervescence intellectuelle et artistique encore possible ces années là, car «le travail intellectuel est l’acte de l’esprit». «Le régime des Solovki n’était pas encore bardé de la cuirasse du système», écrira Soljenitsyne dans L’Archipel du goulag. Et au milieu de cette désolation, une lumière : la lueur d’une veilleuse que rien ne peut éteindre, celle du dernier ascète des Solovki, que Chiriaev a surpris en prière dans sa hutte au milieu des bois. Les Solovki étaient un Golgotha, nous dit l’auteur, mais sur elles brillaient aussi la lumière de l’Esprit.


Boris Nikolaïevitch Chiriaev est né en 1889 à Moscou dans une famille aisée. En 1918, il est arrêté et condamné à mort pour avoir tenté de quitter la Russie, mais réussit à s’évader. Condamné une nouvelle fois à la peine capitale, il sera finalement envoyé aux Solovki en 1923. Déporté à Tachkent puis à Stavropol, il quitte l’URSS en 1944 pour l’Allemagne, puis l’Italie où il meurt en 1959.

About the author

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky grew up in Moscow where she obtained a master's degree in journalism and a doctorate in history from Moscow State University. After 13 years at UNESCO, in Paris and then in Geneva, and having served as director of communications at Green Cross International founded by Mikhail Gorbachev, she developed NashaGazeta.ch, the first online Russian-language daily newspaper, launched in 2007.

In 2022, she found herself among those who, according to Le Temps editorial board, "significantly contributed to the success of French-speaking Switzerland," thus appearing among opinion makers and economic, political, scientific and cultural leaders: the Forum of 100.

After 18 years leading NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky decided to return to her roots and focus on what truly fascinates her: culture in all its diversity. This decision took the form of this trilingual cultural blog (Russian, English, French) born in the heart of Europe – in Switzerland, her adopted country, the country distinguished by its multiculturalism and multilingualism.

Nadia Sikorsky does not present herself as a "Russian voice," but as the voice of a European of Russian origin (more than 35 years in Europe, 25 years spent in Switzerland) with the benefit of more than 30 years of professional experience in the cultural world at the international level. She positions herself as a cultural mediator between Russian and European traditions; the title of the blog, "The Russian Accent," captures this essence – the accent being not a linguistic barrier, not a political position but a distinctive cultural imprint in the European context.

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