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Boris Fishman: Le Festin sauvage. Editions Noir sur Blanc, 2022. 288 pages • 24 Euros • 28 CHF

De la Minsk soviétique au Brooklyn d’aujourd’hui, le récit et les recettes de cuisine d’une famille juive athée. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphane Roques

Le Festin sauvage raconte, de manière truculente et désinvolte, la famille juive russe (et athée) de l’auteur – deux de ses grands-parents, ses parents et lui-même –, sa fuite hors d’URSS, l’émigration à Vienne, puis à Rome, avant d’atteindre les États-Unis en 1988, lorsque l’auteur avait 9 ans. Tout au long du récit, le thème central est la nourriture comme manifestation visible de l’amour. Corollaire naturel : la faim, à la fois la faim réelle vécue par les membres les plus âgés de la famille pendant la guerre, et la faim métaphorique de Fishman adulte, son appétit pour l’indépendance, le succès en tant qu’écrivain et les conquêtes amoureuses.

L’auteur devient un homme, il révise peu à peu ses jugements sur le succès ou l’amour romantique, il s’américanise aussi, et s’éloigne malgré lui des générations précédentes. Jusqu’à ce qu’une aide à domicile ukrainienne soit engagée auprès du grand-père, devenu veuf. Par la magie de sa cuisine, elle va provoquer les retrouvailles des trois générations et faire affluer les souvenirs lors de festins sauvages. On évoque la grand-mère Daria, qui « avait un fourneau de la taille d’un lit. Il en sortait des pommes de terre croustillantes, coupées en quatre, saupoudrées d’aneth avant d’être badigeonnées de crème aigre… »

Boris Fishman est né à Minsk, en Biélorussie, et a émigré aux États-Unis en 1988. Ses textes ont été publiés par le New Yorker, la revue du New York Times, la New York Times Book Review, la London Review of Books, le Wall Street Journal et le Guardian, entre autres titres. Il est l’auteur de deux romans, tous deux traduits chez Buchet Chastel : Une vie d’emprunt et Rodéo. À leur parution, ces deux romans ont figuré parmi les « meilleurs livres de l’année » du New York Times. Boris Fishman enseigne l’écriture créative à l’université de Princeton. Il habite New York.

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About the author

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky grew up in Moscow where she obtained a master's degree in journalism and a doctorate in history from Moscow State University. After 13 years at UNESCO, in Paris and then in Geneva, and having served as director of communications at Green Cross International founded by Mikhail Gorbachev, she developed NashaGazeta.ch, the first online Russian-language daily newspaper, launched in 2007.

In 2022, she found herself among those who, according to Le Temps editorial board, "significantly contributed to the success of French-speaking Switzerland," thus appearing among opinion makers and economic, political, scientific and cultural leaders: the Forum of 100.

After 18 years leading NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky decided to return to her roots and focus on what truly fascinates her: culture in all its diversity. This decision took the form of this trilingual cultural blog (Russian, English, French) born in the heart of Europe – in Switzerland, her adopted country, the country distinguished by its multiculturalism and multilingualism.

Nadia Sikorsky does not present herself as a "Russian voice," but as the voice of a European of Russian origin (more than 35 years in Europe, 25 years spent in Switzerland) with the benefit of more than 30 years of professional experience in the cultural world at the international level. She positions herself as a cultural mediator between Russian and European traditions; the title of the blog, "The Russian Accent," captures this essence – the accent being not a linguistic barrier, not a political position but a distinctive cultural imprint in the European context.

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