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Vladimir Maramzine: Un tramway long comme la vie, Et autres récits. Editions Noir sur Blanc, 2019

Traduit du russe par Anne-Marie Tatsis-Botton.

Dans ses nouvelles, Vladimir Maramzine fait preuve d’une grande inventivité stylistique, marquée par l’ironie et l’absurde, dans la tradition de la littérature russe du XXe siècle (Zochtchenko, Platonov). C’est un petit garçon qui s’offusque d’être jeté sans ménagement dans une rivière pour apprendre à nager ; c’est une journée dans la vie d’un frotteur de parquet ; ce sont des métiers disparus et des portraits mémorables, dressés à partir de détails surprenants (un vieillard heureux d’avoir gardé ses dents, qui ne cesse de clapper et de jouer de la bouche)… Dans une prose piquante et parfois cruelle, Vladimir Maramzine fait revivre le monde de l’après-guerre en URSS.

Le plus long récit du recueil, Un tramway long comme la vie, se passe à Leningrad juste après la guerre. Le narrateur déroule l’histoire de sa vie, avec le tramway pour fil rouge. Par les fenêtres du wagon, c’est une ville exsangue que l’on découvre (les bâtiments détruits, les traces du blocus…), mais aussi des habitants qui cherchent à retrouver un quotidien normal. C’est dans le tram que le narrateur rencontre des filles, s’essaie au difficile métier de pickpocket, échange des insultes, regarde les passagers lire ou manger. Jour après jour, le tram devient pour lui un poste d’observation depuis lequel il voit l’URSS changer… jusqu’à son dernier souffle sur les rails.

Né en 1934 à Leningrad, Vladimir Maramzine est l’un des auteurs les plus originaux et les plus importants de sa génération. Il est l’un des éditeurs des premières œuvres complètes de Joseph Brodsky en 5 volumes (parues en édition clandestine entre 1972 et 1974). Arrêté en 1974 pour ses activités dans le samizdat, il quitte l’URSS pour Paris, où il sera très actif dans le milieu de l’émigration dès 1975. Dès lors, ses textes paraissent dans les meilleures revues et maisons d’édition russes de l’étranger, en France et aux États-Unis (Ardis, Kontinent, Rousskaïa mysl, Novoe rousskoe slovo…). Il fonde la revue littéraire Ekho avec Alexeï Khvostenko et la dirige de 1978 à 1986. Ses ouvrages ont été traduits en allemand, en anglais, en hollandais ; un seul a paru en français à ce jour : Moi, avec une gifle dans la main (Luneau Ascot Éditeurs, 1982).

About the author

Nadia Sikorsky

Nadia Sikorsky grew up in Moscow where she obtained a master's degree in journalism and a doctorate in history from Moscow State University. After 13 years at UNESCO, in Paris and then in Geneva, and having served as director of communications at Green Cross International founded by Mikhail Gorbachev, she developed NashaGazeta.ch, the first online Russian-language daily newspaper, launched in 2007.

In 2022, she found herself among those who, according to Le Temps editorial board, "significantly contributed to the success of French-speaking Switzerland," thus appearing among opinion makers and economic, political, scientific and cultural leaders: the Forum of 100.

After 18 years leading NashaGazeta.ch, Nadia Sikorsky decided to return to her roots and focus on what truly fascinates her: culture in all its diversity. This decision took the form of this trilingual cultural blog (Russian, English, French) born in the heart of Europe – in Switzerland, her adopted country, the country distinguished by its multiculturalism and multilingualism.

Nadia Sikorsky does not present herself as a "Russian voice," but as the voice of a European of Russian origin (more than 35 years in Europe, 25 years spent in Switzerland) with the benefit of more than 30 years of professional experience in the cultural world at the international level. She positions herself as a cultural mediator between Russian and European traditions; the title of the blog, "The Russian Accent," captures this essence – the accent being not a linguistic barrier, not a political position but a distinctive cultural imprint in the European context.

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